Peux-tu nous décrire ta mission ?
Je m’appelle Alban, je suis en dernière année d’école d’ingénieur à Lille. J’ai eu la chance de pouvoir faire une année de césure pendant mes études, j’en ai profité pour réaliser un rêve qui me trottait dans la tête depuis plusieurs années : partir à l’aventure ! Je suis donc parti pour Logha, une île minuscule (50 habitants), à une semaine de voyage de la France, dans un petit couvent de Dominicains. L’île de Gizo, en face à 5 min en bateau, est la deuxième ville du pays. J’étais directeur d’un petit centre de recyclage d’aluminium. Super initiative solidaire tournée vers les handicapés et les enfants déscolarisés de Gizo, montée par un volontaire avant moi. J’étais aussi responsable de l’intendance pour les frères : un plaisir de pouvoir passer du temps tous les soirs avec les pécheurs pour choisir notre poisson du soir. Un thon yellow fin, un barracuda, un mahi-mahi… accompagnés d’un bon bol de riz et d’un ananas, c’est un régal ! Après avoir constaté un peu tristement qu’il n’y avait pas de terrain de jeu sur Gizo, j’en ai aussi profité pour en dégager un à la machette dans la jungle sur l’île des frères (Logha); avec de temps en temps l’aide des enfants de l’île le samedi ou pendant les vacances. Au bout de quelques mois, nous avions un beau terrain presque plat ! Quelques mi-bois plus tard pour faire des buts de foot et il était temps d’inviter les enfants de Gizo pour des activités scouts ou un foot le dimanche après la messe !
Quelle a été ta plus grande joie pendant ta mission ?
L’ordination d’un séminariste que je connaissais bien. J’ai attrapé la dengue peu avant Noël, j’ai passé la semaine dans mon lit avec une grosse fièvre et un bon mal de crane, le générateur était en panne et internet en vacances. Bref, pas la super forme. Un des frères m’a alors proposé de partir avec lui à cette ordination, c’était incroyable ! 2 jours de voyage à travers la mer des Salomons sur le petit esquif des frères pour rejoindre Sitakawa, un petit village catholique dans un des lieux les plus isolés et préservés de la planète ! 3 jours sur place à pécher la nuit avec les jeunes, à apprendre les méthodes de cuisson traditionnelles, à randonner dans la jungle, et assister à une magnifique messe d’ordination célébrée par l’archevêque d’Honiara. Je suis rentré complètement remotivé et relancé pour la suite de ma mission ! Mon seul regret, j’avais oublié mon portable en partant, je n’ai rapporté aucune photo de cette ordination… Ma tête en l’air au service de la providence !

Quelle a été ta plus grande difficulté ? Comment l’as-tu surmontée ?
Ma relation avec le père supérieur. Il se mettait parfois dans des colères terribles contre moi pour des détails ou des petites erreurs. Incompréhensible, et surtout impossible de discuter avec lui dans ces moments. Je laissais passer la vague et j’y retournais quelques heures plus tard pour essayer d’obtenir des explications. Après quelques mois, j’ai fini par comprendre qu’il gardait une très grande rancœur envers les volontaires français de Logha. Nous avons alors eu des très longues et belles discussions à ce sujet ! C’est lui qui m’a raccompagné le jour de mon départ, au moment de me quitter il m’a regardé dans les yeux et m’a demandé pardon pour tous ces moments. Je crois bien que j’ai versé une larme.
Tu as vécu plusieurs mois dans une communauté religieuse. Qu’est-ce qui t’a marqué dans la vie des frères et des sœurs dominicains ? Qu’est-ce qui a changé dans ta foi grâce à cette mission ?
Je reste encore profondément touché par cette expérience de la miséricorde avec le père supérieur, et je suis convaincu que toutes les grâces reçues, et particulièrement celle là, ont trouvées leur source dans la vie de prière quotidienne avec les frères. Comment mieux commencer sa journée que par l’Eucharistie ? Une de mes grandes motivations le jour de mon départ était de réchauffer ce qui pouvait parfois être tiède dans ma relation au Christ, et je suis rentré avec le désir véritable d’une vie de prière fidèle et de partager ma foi autour de moi.
Quel est ton conseil en or pour un futur volontaire ?
Apprendre la langue locale ! C’est la clé de toutes les amitiés que vous lierez sur place, ma mission n’aurait jamais été la même sans tous mes amis Salomonais avec qui je passais mon temps !