Anne-Laure, volontaire au Timor Oriental

Peux-tu nous décrire ta mission ?

Je suis partie en février 2020 pour faire une pause qui en valait le coup entre ma licence et mon master. J’ai été envoyée pour 1 an au Timor Oriental, une petite île d’Asie du Sud-Est. J’étais là-bas enseignante d’anglais pour des classes de maternelle et de primaire mais également pour une académie de langues des pères dominicains, ouverte aux étudiants. En cours de mission, on a également décidé avec la sœur responsable que je donnerai des cours de musique à des élèves de primaire. Je leur enseignais un peu le solfège, quelques cours de culture musicale et j’ai également monté une petite chorale d’une vingtaine d’enfants ! Côté musique, j’ai ensuite également donné des cours aux frères dominicains séminaristes. Je fais beaucoup de musique et de chant en France, j’avais donc à cœur de pouvoir monter une chorale là-bas et transmettre la musique de cette façon aux enfants.

Je vivais dans la même enceinte que la communauté mais dans un bâtiment différent. Je vivais tout de même les temps de prière (messe et vêpres) et repas avec la communauté, ce qui était très riche. Vivaient ici également quelques maîtresses, des jeunes garçons et des élèves de l’internat. C’était super de vivre avec eux, cela me permettait de « m’évader » du rythme communautaire de temps en temps et de retrouver d’autres jeunes.

Quelle a été ta plus grande joie pendant ta mission ?

Deux mois après mon arrivée, nous avons vécu un confinement à cause du coronavirus pendant trois mois. J’en ai profité pour apprendre la langue : le Tetun. Quand l’école a repris, début juillet, je pouvais enfin discuter avec les élèves et les autres enseignantes. C’était incroyable ! Parler la langue a changé totalement la mission et les relations avec les gens. J’avais aussi appris pendant ces 3 mois en dehors de l’école à mieux connaitre tous ceux avec qui je vivais au quotidien. J’étais à peu près en milieu de volontariat, je me sentais bien dans ma mission, j’avais mes repères entre l’école, le jardin, la communauté, etc. Je trouvais ma place. 

Quelle a été ta plus grande difficulté ? Comment l’as-tu surmontée ?

Sans réfléchir longuement, c’est le regard sur les étrangers et le sans-filtre qui a été, qui est et sera toujours difficile. Là-bas, un « malai » (étranger) est regardé et détaillé de la tête aux pieds.

Ce regard sur les étrangers est parfois très lourd et fatigant. J’ai eu beaucoup de mal, même après plus de 10 mois. J’ai appris à comprendre un peu les raisons, essayer de ne pas me braquer, faire des concessions avec les multiples photos qui se retrouvent ensuite sur Facebook, les interpellations, chuchotements etc. mais cela restait un travail intérieur qui n’est pas évident.

Tu as vécu plusieurs mois dans une communauté religieuse. Qu’est-ce qui t’a marqué dans la vie des frères et des sœurs dominicains ?

Je logeais dans une communauté de sœurs missionnaires. Elles étaient très tournées vers la mission. C’était une expérience de vivre pendant 1 an en mode “presque postulante”. Messe le matin et vêpres le soir. C’est une expérience, il y a un moment où on comprend qu’on ne pourra pas tout maîtriser et qu’il faut lâcher, et là ça se passe bien. On peut comprendre ce que veut vraiment dire le terme charité, car sans charité ça ne marche pas. Le Seigneur nous les offre en tant que soeurs pour exercer notre charité. 

Façon de vivre avec une simplicité débordante. On ne sait pas forcément si on aura de quoi vivre le lendemain mais on fait confiance car on n’a pas le choix. Du coup il y a un abandon que nous nous n’avons pas en France car on essaye de tout maîtriser. Ici, j’ai appris à lâcher prise. Quand on part tout seul pendant 1 an aussi loin, couper de ses repères, on doit frocément lâcher prise. Alors ça embellit la mission car on apprend à moins se prendre la tête et à tout simplement vivre au présnet. Je pense à une belle phrase d’Edith Stein : Dieu n’exige rien de l’homme sans lui donner simultanément la force correspondante. Je me suis dit que si j’avais réussi à aller au Timor, si ensuite j’y suis resté dans le contexte du Covid, alors le Seigneur va bien veiller sur moi, alors il faut un peu lâcher prise.

La vie que j’ai vu au Timor était très différente de celle que j’avais vu à Lille : port de l’habit etc. 

Je me suis rendu compte de la chance qu’on a aussi d’être en France. On a énormément de propositions et on peut être hyper formés au niveau de la foi. Tradition différente, dans un pays où 98% de la population est catholique. culturel.

Qu’est-ce qui a changé dans ta foi grâce à cette mission ?

Avec la crise du coronavirus, on m’a demandé de quitter le Timor. Mais, tandis que tous les autres volontaires ont quitté le Timor, j’ai de mon côté fait un faux départ à cause d’un problème de papiers. Finalement je suis resté et je me suis dit que c’était qu’il fallait que je reste. Heureusement ça s’est très bien passé car le Timor n’a presque pas été touché.
Une autre fois, j’avais un prêtre qui m’avait invité à sa première messe dans sa région, les premières messes sont des évènements très important au Timor. Du coup je me suis dit c’est une trop bonne occasion de voir du pays et en même temps je ne le connaissais que très peu et j’avais aucun élément. 

Moi qui aime bien organiser, il m’avait juste donné une heure de départ. Je partais quatre jour et n’avais pas de moyen de retour ni aucune autre information. Finalement je me suis abandonné, j’ai pris le risque de vivre et ça c’est très bien passé. Si j’avais dit non, j’aurais passé 4 jours à la communauté mais je n’aurais pas vécu cela.

Le fait que je sois seule volontaire à beaucoup joué dans ma vie de foi. C’était très fort car j’avais besoin de partager mais je n’avais pas forcément de personnes avec qui partager. J’ai appris à le faire en écrivant et dans une vie de prière. J’ai aussi découvert que même avec les offices et prières en communauté, sans vie de prière personnelle ça ne suffisait pas.

J’ai aussi appris à faire confiance à Dieu. Au Timor et encore aujourd’hui, à mon retour en France. Depuis 1 an j’ai expérimenté l’abandon et je souhaite continuer à le vivre en France. Ce n’est pas qu’au Timor qu’il faut se donner et faire confiance.

J’ai aussi pu expérimenter l’Eglise Universelle. Au Timor, la foi est omniprésente et c’est donc une réalité très différente de la France. Voir des visages différents de l’Eglise.

Quel est ton conseil en or pour un futur volontaire ?

Osez ! Partir peut faire peur, c’est sûr…. mais que risque-t-on ? À part se découvrir, mieux se connaître et faire de belles rencontres… Il faut prendre le risque de vivre de très belles expériences !

Publié par Dom&Go

Volontariat international dominicain

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